lundi 3 mars 2003

Une semaine a Paris



Qu'est-ce qu'un israelien fait a Paris quand il a une semaine devant lui ?

Deja Paris avant je detestais mais maintenant j'adore. Parce qu'avant je bossais et vivais a Paris, et je fuyais au Soleil. Maintenant je vis et je bosse au Soleil, et je fuis a Paris. Et c'est bien mieux comme ca.



En plus j'ai eu de la chance, en une semaine d'errance plus ou moins aleatoire je ne me suis pas retrouve au milieu d'une manif pro-palestinienne a la Ramallah-sur-Seine comme le cauchemar de l'an dernier. Meme pas une cannette de Mecca-Cola n'est venue souiller ma vue, ou pire mes mains, ou pire ma gorge. J'ai eu beaucoup de chance, D.ieu etait avec moi. Bon beaucoup de Keffiehs quand meme, vous savez le torchon pourri a carreaux noir-rouge-blanc (ca me rappelle qqch, tiens...) qu'on porte autour du coup pour dire qu'on n'aime pas Israel. Mais c'est tellement laid, ca ne va tellement avec rien, qu'on ne peut pas vraiment s'enerver pour ca. La pitie suffit. Quel sacrifice esthetique quand meme pour une cause si minable, pire que les Femmes en Noir rencontrees sur la Place Carree des Halles, dont le prospectus mielleux et bete doit etre en train de gir au fond d'une poubelle aussi transparente que leur message...



Mais a part ca, a part cette cecite politique, Paris y'a pas a dire c'est genial. Des librairies pour s'acheter plein de nouveaux bouquins en beau francais. Un metro pour aller partout pour trois fois rien. Des boulangeries a chaque coin de rue pour commander des pains au chocolat trois par trois. Des amities toujours aussi fideles. Des parents toujours disposes a vous reapprendre tant sur vous-meme. Jamais assez de temps avec une de celles avec qui je partage les meme parents, mais assez pour connaitre ses amours, retrouver son humour, et apprecier le bon gout de sa demeure. De la famille encore et toujours aussi heureuse de vous voir. Des enfants nouveaux, qui grandissent et rayonnent de leur drolerie de cherubins.



Surtout des rencontres, des rencontres delicieuses, uniques, speciales. Comme un reve fugitif dont on sait qu'il aurait pu durer une eternite. Le plaisir infini d'etre a cote, le plus proche possible, un plaisir magnifie par l'attente virtuelle. Rien ne presse, le temps nous appartient, tout va tres vite. Apres une longue periode de victimisation on se delecte de ce nouveau role a l'opposee extreme, celui de l'assurance, de la serenite, du plaisir simple. C'est un melange de champagne, de pizzas a emporter, de jus d'orange et de pains au chocolat. C'est un magnifique theatre pour ecouter ce que les Vagins ont a nous dire, pour que les unes se comprennent et que les uns apprennent. Partout, on fonce avec toute sa certitude, son ego, et le choc est si doux que l'ego se retrouve delicatement effrite, les fissures des doutes viennent craqueler le masque de la vitesse pour liberer mon Moi de mon Ego, quitte a heurter un mur. La metamorphose se prolongera tout au long de l'escapade dans le Grand Blanc, et c'est un Boq largement reconstitue qui remet pied sur sa sainte Terre. Au final, on espere toujours avoir procure autant de renouvellement qu'on en a recu.



A Paris il y a un groupe de copains que je n'ai pas revu. Parce que nous avions tout le temps. Une semaine a Avoriaz nous attendait de pied ferme, au point de nous faire saliver a l'avance de bonheur et d'excitation. La aussi, dans cette attente, se trouvait l'energie, la force certaine qui m'a propulse a travers cette semaine parisienne pour en tirer le meilleur, avant l'apotheose mutante.

Aucun commentaire: