mardi 9 août 2011

brelans

Il y a aujourd'hui comme une ambiance de 9 Av...

Hier dans la même journée, trois histoires de mort tragique, des histoires individuelles mais non moins déchirantes.

  1. Un enfant de 3 ans a été oublié dans un bus scolaire, a Natanya. 80 degrés Celsius pendant plusieurs heures. L'enfant a été decouvert par le chauffeur négligeant quand il venait préparer son bus pour ramasser les enfants du gan, en fin d’après-midi. Apres ces quelques faits, le travail de l'imagination devient une souffrance...
  2. Une célébrité de la radio, Adi Talmor, s'est fait euthanasier en Suisse apres un cancer du poumon en phase terminale. Il avait caché sa maladie à tout son entourage, jusqu'au dernier jour. Il avait pris sa décision entièrement seul, dans le silence. Il était connu du public, pour sa voix pittoresque qui nous lit le concentré horaire de news à Galei Tsahal, la radio de l’armée israélienne. Là aussi, imaginer son processus psychologique est insupportable. Puis on se lance, en interne, dans le débat nauséeux sur le choix de la mort. Je parlais de Houellebecq il y a quelques posts; dans son dernier livre, le personnage principal défonce à coups d'uppercuts dans le plexus la directrice d'un centre suisse d'euthanasie qui a tué son père. 
  3. Un collègue nous a raconté qu'une grande tante à lui s'est donnée la mort en sautant par la fenêtre. C’était dans la banlieue de Haifa. Elle était déséquilibrée mentalement, et le cousin qui vivait avec elle pour la surveiller n'a rien vu. Il a découvert le corps en bas de l’immeuble a 8h du matin, alors que l'heure de la mort est évaluée a 4h du matin. 4 heures de silence, pendant laquelle une personne est partie à l'insu du monde qu'elle a quitté. 
Je crois que c'est le point commun  entre ces trois histoires: le silence invivable.

Cette veille du 9 av, teintée d'histoires atroces, a été précédée d'une avant-veille teintée, elle, de macro-tremblements. La aussi, un brelan d'histoires:
  1. Peut-être la plus grande manifestation de l'histoire de l'Etat d'Israel. 250000 personnes a Tel-Aviv. Ca voudrait dire deux millions et demi de personnes a Paris. Quelques concerts inutiles, pas assez de bordel, mais une seule voix: on veut la justice sociale. J’étais trop occupé à donner le biberon à mon petit Roy pour venir. Mais je me joins au peuple dans le putsch contre Bibi, pour placer ma chere Sheli Ichimovitch à sa place. Je suis en train de me gauchiser; je tremble avec le reste du peuple...
  2. La terre a tremblé au large de Benyamina. Une petite frappe, 4,2. Mais l'epicentre n'est pas habituel. Un tremblement au sens propre.
  3. Et enfin la Bourse de Tel-Aviv a plus que tremblé. 6% dans la gueule. Et ce salaud de yen qui s'envole encore, entraînant ma dette immobiliere vers l'infini+. Mais tout ce qui m'importe ces temps-ci, c'est que le dollar ne s'effondre pas. Pas maintenant. 
  4. Ce n'est pas tout: Londres est aussi le fruit d’émeutes. Des jeunes... Ca fait 2 jours, et ca continue encore aujourd'hui 9 av. 

La maison tremble en ce 9 av, des gens sont morts de façon tragique, Mais il y a toujours l'espoir d'un nouvel Israël  une nouvelle maison, un nouveau monde après le chaos.

lundi 1 août 2011

Vent de révolte...

Cela faisait des années que je reprochais à mon pays de ne pas assez donner dans la lutte sociale. Il y a en Israël comme un cynisme ambiant, ou l'on accepte les excès des politiques, et les insuffisances du système, parce que "c'est comme çà, que veux-tu y faire ?". Une manière de fuir la réalité par une pirouette intello, avec ce besoin permanent de paraître inaffecté par la situation. Une pudeur émotionnelle très liée à une forme de machisme. 

J'insiste sur ces éléments psychologiques parce que c'est justement ce qui est en train de changer avec ce mouvement. Ce ne sont pas seulement les politiques et autres magnats au pouvoir qui sont raillés, mais aussi les cyniques. Il faut savoir que cette classe moyenne qui manifeste actuellement s'est faite remarquer par son absentéisme aux dernières élections, justement par ce même cynisme désabusé. Maintenant ils s'en mordent les doigts parce que Netanyahou, qu'ils veulent voir partir, est soutenu par une forte coalition à la Knesset. Cette classe moyenne n'est pas représentée par l’exécutif et le législatif, c'est de sa faute, et elle essaie maintenant de donner de la voix via l'anarchie des manifs.

Il n'en reste pas moins que l'enthousiasme est général autour de ce mouvement. C'est la psychologie d’Israël qui est en train de changer, en regardant davantage sa propre société que ses frontières. 

Tout comme Israël est l'objet des éléments du moyen orient, il est aussi assujetti aux vents de révolte...