lundi 20 janvier 2003

Un invite





Bon. Je viens de lire un magnifique message a la fois general et personnel, par notre ami Olivier Six, enfoui au fin fond d'un fil de discussion de son blog a lui. En reponse au message precedent sur ce blog concernant la paix et la justice.

Il y a eu aujourd'hui un drole de phenomene de tirs chasses-croises entre nos deux blogs, entre les messages des uns et les commentaires des autres.

Olivier, c'est celui dont j'ai donne le lien sous la legende "Parce qu'on est d'accord sur rien". C'est evidemment une caricature. On s'accroche souvent, sur tout, aussi bien le conflit israelo-palestinien que sur la mondialisation. Mais nos discussions reposent sur certains accords fondamentaux, comme l'opposition au terrorisme, sans ambiguite sur sa definition, ou sur une certaine compassion envers les palestiniens. C'est d'ailleurs a partir de ce constat que j'ai supporte, et apprecie, la lecture de son blog Brest-Jerusalem, au point de l'inviter a Tel-Aviv pour lui permettre de ne pas rentrer chez lui sans avoir connu la vie israelienne. Je passais pour un fou inconscient quand je disais a mes amis que j'heberge un ami de Jenine a la maison (verifie son sac, on me disait meme), mais moi j'avais confiance, ce qui etait tout de meme une prouesse dans la paranoia ambiante des attentats. J'ai decouvert un type bien plus modere et equilibre qu'il ne le laissait paraitre dans son blog. C'est previsible, on a toujours une plus grande gueule par ecrit. Et je pense que l'impression fut reciproque. Ce fut pour lui l'occasion de rencontrer la creme de la jeunesse de droite, a savoir mon ex Natalie, mon copain Sagi, et ma copine Elsa. Tout le monde, quelque soit l'outrage ressenti face a ses idees, a apprecie la personnalite d'Olivier et les discussions en commun, et nos rencontres a la plage ou dans un cafe de Shenkin restent un excellent souvenir.



Ah, et Olivier c'est aussi mon mentor, puisque c'est sous son influence que je me suis mis a ecrire ce blog. Le malin, il m'a bassine pendant plusieurs semaines pour que j'ecrive un texte pour son nouveau blog danois. Et puis le jour ou je l'ai ecrit je me suis dit, eh, il va quand meme pas recuperer mes droits d'auteur comme ca. Moi aussi j'veux un blog. Et voila. Je suis sur qu'il avait tout prevu et qu'il m'a manipule, lui et son Complot Six Mondial.



Voila un message, qui resume ses positions dans toute leur coherence, et que je recopie ici depuis le systeme de commentaires de son site. Et je reponds dans les commentaires de ce site ici-present (apres un peu de reflexion), car le temps de ce message, il est ici chez lui et moi je prend la place de l'invite:





Tiens, voilà admise l'injustice... il faut un début à tout...

Yapluka apprendre aux Palestiniens à ne pas se révolter contre l'injustice, et on aura la paix. Leur faire comprendre qu'ils payent avec leur sang les rodomantades de leurs grands parents, eux qui parlent tous hébreu aussi bien que leur propre langue, signe certain de haine profonde... mais que bon, les Israéliens ayant un tendance à la méfiance, ils sont priés d'accepter de bonne grâce qu'on leur interdise de cueillir leurs olives, aller à l'école, aller à l'hôpital.

Tu le sais, Michael, que je suis contre les attentats. Et tu sais aussi que moi, mon rejet des attentats je suis allé le prêcher sur place, et que je suis allé, quand il le fallait, un peu plus loin que les mots.

Tu sais que me soucie de la façon de gérer le problème des réfugiés, et celui des colons évacués. Dans le respect des fondamentaux de chacun.

Tu sais que je ne suis pas un inconditionnel, pas un anti-israélien, pas un antisémite. On en a assez parlé.

Tu sais que l'injustice a toujours provoqué la violence. Tu sais que la colonisation a commencé en 1967, contre l'avis de pas mal de leaders historiques israéliens (ne serait-ce que Moshe Dayan, l'homme qui a gagné la guerre des six jours). Tu sais même que cette colonisation est mal vécue par une bonne partie des Israéliens.

Tu te souviens que Sagi, qu'on peut difficilement qualifier de militant d'extrême gauche, s'est déclaré prêt à "aller chercher les colons par la peau du cul" dans le cadre d'un accord de paix. C'est peu dire qu'il n'y a pas consensus en Israël au sujet de ces colonies.

Je comprends les rêves de présence juive à Naplouse et à Hébron. Mais il faut que ça se fasse autrement, pas de force. Et si il faut attendre un peu, est-ce que ça ne serait pas moins grave que ce qui se passe en ce moment ?

La génération palestinienne de 1948 jurait de jeter les juifs à la mer. Leurs petits enfants, dans leur immense majorité, ne demandent qu'à vivre en paix avec Israël, dans le respect mutuel des frontières communes. Ils parlent hébreu, se faufilent en douce à Tel Aviv pour aller à la plage (j'ai des noms ! ) et regarder les filles. Ils ne veulent pas de l'Islam rétrograde du Hamas. Ils suivent le Hamas parce que le Hamas les nourrit, parfois, et leur fait croire qu'il les défend, souvent.

Des tas d'organisations Palestiniennes, PARC, UPMRC, YMCA, tant d'autres, travaillent de l'intérieur à l'évolution des mentalités, avec des succès remarquables. Mais pas immédiats, bien sûr... mes amis Samer, Nadi, Adnan, Mohammad, tous les jours, sur le terrain, inventent dans les pires difficultés la Palestine moderne de demain.

Il reste toujours des extrémistes. Dans tous les conflits de ce type, il reste toujours une poignée de connards, même quand tout est fini. Ceux-là, il faudra que les Palestiniens et les Israéliens les chassent ensemble, dans les deux camps. Car il y en a dans les deux camps, n'est-ce pas ?

Mais il faut bien que quelqu'un débloque la situation, ouvre des portes.

Et qui, aujourd'hui, a les moyens d'ouvrir la porte ? Sharon veut nous faire croire qu'Arafat peut. Ce n'est plus vrai. Arafat est un abruti corrompu, et maintenant impuissant. Il ne contrôle que la classe politique palestinienne : 300 personnes, en caricaturant.

Faut-il punir les Palestiniens pour les fautes d'Arafat ? Tu sais qu'il n'y a pas de eu démocratie en Palestine jusqu'à maintenant. Maintenant, ça pourrait être possible. Mais on ne peut pas voter, en Palestine. Trop de chars dans les rues.

Punir les Palestiniens pour les fautes d'Arafat reviendrait à punir les Irakiens pour les fautes de Saddam. Chacun s'accorde à dire que les Irakiens sont des victimes, pourquoi en serait-il autrement des Palestiniens ?

Alors, Michael, il ne reste plus qu'à espérer que les portes s'ouvriront d'elles-mêmes... ou que Sharon décide de les ouvrir.

On est mal barrés, je crois.

En attendant que quelqu'un décide de pousser une porte, fais attention à toi. Tel Aviv est nettement moins dangereux que Jénine, mais c'est dangereux tout de même, et je tiens à toi.

Posted by O. at janvier 20, 2003 07:51 PM





Si vous preferez quand meme l'original, allez la.

Pour le "je tiens a toi" final, je tiens moi a rassurer mes lecteurs et ma famille: nous ne sommes pas homosexuels.

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