Lendemain d'Attentat
J'ai ecrit un texte la semaine derniere, le lendemain de l'attentat de l'ancienne gare routiere de Tel-Aviv.
Poignant. Mais je vous rassure, je ne vais pas si mal que j'en ai l'air, ce n'est que de la propagande.
Je recopie ici la version officielle:
Lundi 6 janvier 2002, matin.
Hier, la même litanie : mon portable sonne, pour me demander si je suis vivant. Je réponds que oui, j'étais encore au boulot. Je n'étais pas au mauvais endroit, au mauvais moment. Je vérifie que ceux que j'aime a Tel-Aviv vont bien. Tout va bien (TVB). J'appelle quand même mes parents en France pour ne pas qu'ils aient des sueurs froides quand ils apprendront l'attentat. Et voilà, mon rôle est terminé.
Je rentre chez moi, seulement inquiet de savoir s'il y aura des bouchons, à cause des forces de police et des ambulances. J'écoute la radio, j'entends les mêmes témoignages : "J'étais en train de sortir les poubelles, et puis j'ai entendu un gros Boum !". Les mêmes termes aseptisés des journalistes et des politiques pour éviter aux citoyens d'entrer en panique: blessés légers (blessures réversibles), modérés (blessures irréversibles, séquelles a vie et mutilations), graves (lutte entre la vie et la mort) ou désespérés (un cas d'étude pour les cours d'anatomie en fac de médecine). Chacun s'y essaie de sa belle phrase de condamnation, un style littéraire nouveau qui consiste a mélanger dans toutes les combinaisons possibles les mots "choqué", "affligeant", "condamner fermement", "despicable". J'écoute ça un peu comme j'écouterais une chanson à la mode. J'ai de la peine, vaguement, mais je crois que je ne sens plus rien. Je ne sais pas qui sont ces gens, je n'arrive plus à compatir, mes ressources émotionnelles s'épuisent. Je sais seulement que cela aurait pu être moi, pour la seule et unique raison que nous avons fait le même choix quant a l'endroit où habiter.
Mais la vie continue. Ces gens n'arriveront pas à détruire Israël à coups d'attentats. A l'échelle d'un pays, si l'on écarte l'effet sensationnel, si l'on écarte la peur et la mort pour un instant, c'est comme une épingle dans le pied d'un éléphant. Il est toujours plus risqué de mourir en voiture qu'en bus, et pourtant on n'a pas peur en voiture. Cette statistique, bien que cruelle, est terriblement efficace pour lutter contre la peur qu'ils veulent instiller en nous. Alors nous continuerons. Israël vivra, Israël vaincra, éternellement. La situation économique s'arrangera, elle le doit, sans toucher au budget de la défense. Parce que c'est comme ça, qu'il n'y a pas grand chose à faire pour le moment.
Notre force de combat, notre résistance à la peur, n'effaceront pas, cependant, la certitude que nous avons affaire à des monstres. C'est, je crois, la seule leçon à tirer de ces attentats, qui n'ont ni stratégie ni contexte. C'est juste l'oeuvre du Mal. Il faudra lutter contre ces gens, sans merci. Ils ne méritent certainement pas un pays. Une lutte légitime d'indépendance nous dit-on ? Même si c'était vrai, la légitimité disparaît avec le choix de la violence. Il n'y a pas de légitimité dans la barbarie.
Performance: ce texte a ete publie sur deux sites:
reinfo-israel, site de juifs francais plutot a droite, recemment demantele pour cause de divergences internes..
Et aussi sur le site d'Olivier Six, un ami 'achement a gauche, avec qui je ne suis d'accord sur a peu pres rien. Une longue histoire... J'en parlerai surement...
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