dimanche 26 janvier 2003

Jalousie



Jalousie amoureuse, s'entend.



Quand le sang brûle dans les veines, quand une sorte de champ électro-statique vous remue la peau du cuir chevelu aux orteils. Quand çà vous empêche de dormir. Quand l'imagination devient une arme de destruction massive, des images, des sons, des chansons romancées pour le pire. Impossible de relativiser, de se dire que c'est pas grave, c'est normal, on l'a cherché. Ici on est en plein dans l'absolu, dans le sentiment pur. Que dis-je, rien de sentimental là-dedans, c'est chimique. La raison est complètement hors-jeu, les théories, aussi intelligentes et pertinentes soient-elles, les belles phrases, la sagesse, rien de tout cela ne peut servir de remède, et l'on apprend jamais ses leçons du passé, du moins on les oublie quand elles servent. Les sentiments non plus, "si tu l'aimes laisse-la partir", on ne souhaite que le bonheur de celle qu'on aime. Ouais c'est çà mon cul. L'aimer au point de la pousser dehors pour augmenter ses chances de bonheur, quitte à regretter amèrement, qui a le savoir a l'avance. Non, le jaloux n'est ni un être de raison ni un être d'émotions, c'est une bouteille remplie de nitro-glycérine, un danger chimique pour lui-même, qu'il ne faut surtout pas agiter, ou alors agiter vite pour jeter la pourriture le plus loin possible.



La jalousie c'est ne pas supporter qu'un autre prenne le rôle qui nous revient. C'est l'instinct de possession, l'instinct de la chair. On croit souvent qu'une femme donne beaucoup plus qu'un homme dans l'acte d'amour, parce qu'elle accepte ce corps étranger en elle, elle accepte cette invasion. Mais ç'est faux. L'homme est l'esclave de sa partenaire, car il en fait sa possession. Comme un milliardaire est esclave de cette richesse dont il ne sait pas se passer. L'homme est un être d'amour et de violence.



La jalousie c'est de la peur a l'état pur, c'est le contraire de l'amour, un contraire si souvent indissociable, comme un boulet. La peur que l'autre soit "mieux", qu'il lui apporte ce que l'on n'a pas su lui apporter. Elle a beau vous dire qu'elle n'a pas trouvé mieux, que t'es toujours le roi que l'on a pas détrôné. Mais tu ne veux pas être un de ces rois figés dans les livres. Tu veux régner.

Le fait est qu'elle se donne a cet autre, qui est different, ce qui laisse planer un potentiel incontrolable de progrès. On reste la, sur le côté, a raconter sa vie, et on regarde son univers a elle s'épandre inexorablement, dans des galaxies de caresses, des trous noirs de plaisir, et des planètes de bonheur habitable, on se voit se faire remplacer par cette saleté de big bang que l'on a soi-même provoqué. On se fait supplanter, en mieux. Tel un dieu irresponsable, qui regarde ses créatures le trahir.



On est tellement persuadé du potentiel de progrès de cet autre, sans le connaître on croit religieusement a sa supériorité, presque autant qu'on se méprise soi-même.



La jalousie, c'est cette forme monstrueuse du manque de confiance en soi.



Et en attendant qu'elle passe, vaincue par ce soldat invincible qu'est le temps qui passe, mieux vaut la mettre par écrit, mieux vaut la jeter par terre, l%agrave;, devant tout le monde, comme une merde. Mieux vaut çà que d'en faire des conneries.









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