Elle veut jeter mes journaux. Ca prend trop de place. Mais je resiste.
Helas je viens de perdre une bataille. Les pertes sont nombreuses, parmi lesquelles quasiment toute ma revue de presse du lendemain des attentats de Madrid. Je rassure ceux qui s'inquietent, ces journaux ne m'ont rien coute, puisque je les ai obtenu a l'entree dans la cabine d'un avion.
Mais j'ai garde le plus important: L'edition du magazine francais hebdomadaire "Le Point" du matin du Jeudi 11 Mars 2004, imprimee juste avant les terribles attentats. Le titre : "La feria de l'Espagne", avec Jose Maria Aznar riant aux cotes de son bon roi.
Avertissement: pour ceux qui en ont deja trop lu sur le 11-M, laissez tomber. Tout a ete dit, ce sont des lieux communs. Mais je n'avais pas eu l'occasion d'ecrire quelquechose de consistant sur le sujet. Alors je profite de cette fievre blogale actuelle pour le faire une fois pour toutes.
On y presente un pays en pleine euphorie economique et sociale. Un pays parti du vide Franquiste pour finallement talonner les deux geants-aux-pays-des-nains francais et allemands. Un pays dont la voix commencait a se faire serieusement entendre, notamment sur les sujets de la Constiution Europeenne, et surtout de l'Irak.
Jose Maria Aznar etait au plus haut des sondages. Comme il avait epuise ses quotas de regne, on presentait deja son dauphin, Mariano Rajoy, qui malgre un charisme moins tenu etait certain de l'emporter aux elections du week-end suivant, grace a l'aura de Jose Maria Aznar et a la reussite du Parti Populaire durant les huit dernieres annees.
Voter pour les socialistes, dans ce contexte, aurait ete, pour l'Espagne, une aberration.
Et boum, boum, boum, boum, et encore boum. 191 morts, 1500 blesses.
Apres les images d'horreur, apparait l'horreur politique.
Aznar n'assume pas. "C'est l'ETA", clame-t-il, via les tribunes et les ambassades. Nombreux sont ceux qui acquiescent, chacun pour ses propres raisons:
- Le peuple espagnol, parce qu'il est sonne.
- L'ONU, parce qu'elle se doit d'enteriner les declarations officielles des ambassadeurs.
- La France, parce que tout est bon pour deresponsabiliser un Islam de plus en plus puissant.
La plupart acquiescent, malgre tout un tas de choses:
- les negations d'ETA, si peu typiques d'une organisation terroriste qui se doit de revendiquer ses actes.
- une revendication explicite d'Al-Qaida ("a l'etude" a l'epoque du concert pour l'ETA), et une camionnette remplie d'armes et de corans.
- un mode operatoire trop barbare pour ne pas etre islamiste
- un mobile evident avec la participation des troupes espagnoles en Irak
En Israel, ca ne faisait deja aucun doute. Avant de prendre l'avion, je regardais eberlue les images des attentats sur une television accrochee dans une epicerie, et tout le monde reconnaissait la patte des islamistes.
Des le lendemain, le gros titre du Maariv, au dessus des images d'horreur, etait : "Al-Qaida".
Je n'imaginais pas a quel point ce mensonge allait etre desastreux pour l'Espagne. Le peuple espagnol, entre couardise, betise, et choc, a vote pour les socialistes, et a jete ceux qui ont su faire de l'Espagne un grand pays.
Glissons vers une autre histoire possible.
Fragment d'Histoire parallele: Aznar designe des le debut l'evidence, Al-Qaida. Il accuse la barbarie islamiste, au nom de l'opposition a la presence militaire en Irak, mais il appelle son peuple a ne pas flechir, a assumer les choix de l'Espagne, et a ne rien ceder aux terroristes. Non pas que ca aurait convaincu tout le monde, mais au moins ca aurait elimine de fait tous les electeurs nouvellement socialistes qui ont vote au nom du mensonge du PP. On aurait mieux distingue les resistants des collabos.
Retour a notre branche de l'Histoire: la majorite espagnole, qu'elle soit lache ou allergique au mensonge, a decide de se rendre a l'autorite terroriste, et de collaborer. L'Espagne retire ses troupes d'Irak.
Les socialistes, menes par Zapatero-Zapetainrot, sont la pour 4 ans.
Les Espagnols ont 4 ans pour se rememorer la "feria" d'antan, et pour se souvenir qu'un diamche 14 mars 2004, sous le coup de l'horreur, ils ont dit "oui" au terrorisme.
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