vendredi 2 janvier 2004

Aveu, et voeu

Il y a environ un an, j'écrivais ce post:

Aujourd'hui lundi 13 janvier: ca fait 13 jours que j'ai arrete de fumer. C'est facile a retenir, non ? Par exemple quand on sera le quatorze avril (j'aurai 30 ans, putain...), ca fera 3 mois et 14 jours.





En fait je ne suis jamais arrivé à ma date d'anniversaire à bord d'un corps assaini de toute nocotine. J'ai repris la cigarette le 25 janvier, un jour que j'étais jaloux... Je me suis gardé d'en faire une annonce avec tambours sur le blog, histoire de ne pas casser le mythe. Et puis quand je relisais une clope au bec le texte "NON je ne veux pas de cigarette", je me disais que c'était pas con. Mais l'addiction, elle, rend con, tellement con qu'on peut vous mettre la vérité en face du nez, vous aurez le regard drogué hagard perdu vers l'horizon, comme si la vérité était transparente. Le fumeur est un être handicapé, diminué.



Parfaite transition de fin d'aveu pour dire qu'en fait c'est pas vrai, qu'il peut arriver que la cigarette décuple les performances du fumeur. Je m'en suis rendu compte un jour juste après avoir résolu un bug informatique à l'aide d'une methode simple, élégante et originale. Le coup de génie, quoi. La première chose qui je fis alors que l'Eurékâ ne faisait que commencer à résonner dans la caisse de mon égo, ce fut de sortir au balcon allumer une clope. Comme si c'était une récompense. Comme si en fait je m'étais promis cette cigarette dans mon subconscient à condition que j'arrive à résoudre ce problème informatique.



Je me rappelle d'un livre, "L'Ultime Secret" de Bernard Werber, un livre excessivement mal écrit, dans un univers imaginaire de débilité souvent proche de l'insupportable. Mais je l'ai lu jusqu'au bout, et je dois avouer qu'une des idées de base du bouquin est en fait géniale. C'est l'histoire d'un docteur qui a trouvé le centre du plaisir dans le cerveau, un point très secret et très difficile à trouver. Quand on stimule directement ce point, disons avec un truc planté dans la tête, le plaisir est absolu. Tellement fort qu'on ne peut plus s'en passer. Retrouver cet instant de plaisir devient la motivation ultime, une motivation grâce à laquelle on peut accomplir des exploits, ou des crimes. Le héros du livre a battu Kasparov et Deep Blue aux échecs, rien que parce qu'on lui promettait une stimulation du centre ultime du plaisir si il gagnait le jeu. Le livre commence sur la découverte du corps du nouveau champion d'échecs, mort d'un excès de plaisir tandis qu'on lui avait stimulé le centre du plaisir au moment même de son orgasme avec sa copine méga-bonne. Toute l'enquête policière du livre suit en fait la piste des motivations primaires de l'homme, pour arriver au mobile du crime, qui se trouve être la Motivation ultime.



Eh bien la clope c'est un peu çà. Une motivation transcendentale pour la personne dépendante. Si cette motivation est dosée intelligemment en fonction des tâches à accomplir, comme un sucre au chien-chien, un poisson à l'otarie ou un morceau de viande au tigre de cirque, alors la dépendance peut devenir un outil pour décupler les performances. Les drogués sont d'excellents cobayes pour le laboratoire de l'évolution humaine.



J'ai donc décidé d'arrêter la clope en ce premier jour de 2004, exactement un an après ma précédente tentative. Je ne dirai évidemment rien si je craque, en revanche je m'auto-féliciterai en public si je tiens jusqu'à mon prochain anniversaire.





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