Un"Monde" meilleur
Charmé par un des derniers editoriaux du journal "Le Monde", souvent honni par la reference The Blog of The Boq.
L'editorial s'appelle "Feuille de Sang", et est date du 12 juin 2003.
Extraits:
Israël a raison de se refuser à mettre sur le même pied la monstruosité de ces attentats-suicides et les opérations menées contre des groupes armés palestiniens dans les territoires. Mais cette considération, importante, fondamentale, [...]
Merci de rappeler l'opinion publique francaise a cette evidence... D'autant plus que cette verité n'a jamais été dite avec des mots aussi clairs dans ce quotidien tout au long de la Deuxieme Intifada. Longtemps on mettait sur un meme plan le meurtre et le meurtre, les victimes et les "victimes", designant sans distinction le cadavre de l'islamiste au zizi enturbanné et celui de la serveuse du bar qui a explosé avec le corps de ce dernier. Un parfum de morale rassurant, au milieu de ce bain d'horreurs.
Autre extrait:
Le 8 juin, les organisations palestiniennes extrémistes, dont le Hamas, entreprenaient de saboter cette perspective. Elles montaient une provocation : un raid contre une position de l'armée à Gaza (quatre militaires tués).
En d'autres temps arrierés, pas si eloignés, on considerait dans l'intelligentsia francaise ces operations de lacheté organisée comme un combat reglo, comme si les pijistes etaient presque enchantés par la capacite des palestiniens a se comporter comme de vrais "soldats", s'en prenant a d'autres soldats. On allait jusqu'a faire une distinction entre la mémé dechiquetée et le couple de soldats brulés dans le bus figés sur un baiser comme dans une derniere etreinte. L'une est une mémé qui n'a rien demandé d'autre que de profiter du crepuscule de sa vie, les autres sont des soldats qui du fait de leur uniforme sont censés savoir a quoi s'attendre, meme dans un bus qui les ramene a la maison.
Sur le meme ton que l'ensemble des protagonistes du conflit israelo-palestinien qui questionnaient "Qu'est-il arrivé a Arik ?" en voyant Ariel Sharon serrer la main de Mahmoud Abbas a Aqaba, on a envie de dire "Qu'est-il arrivé au Quai d'Orsay ?". Mais on comprend vite que ce ministere, humilié par sa politique a la limite de la collaboration lors de la derniere Guerre d'Irak, a decidé d'inverser la vapeur. Premier signe: un discours de De Villepin a Jerusalem a faire pleurer d'emotion tout Juif francais sioniste encore attaché aux valeurs de sa chere Republique de naissance. Deuxieme signe: un changement de directives a l'AFP que Chirac controle, s'en suivant naturellement d'un changement des lignes editoriales des France 2 et autre journaux Le Monde qui alimentent et guident la pensée unique francaise en matiere de politique etrangere.
Devant des phrases aussi justes, on est tout d'un coup pret a lire la suite, confortés par ce terreau moral retrouvé.
Extrait, suite du premier:
Mais cette considération, importante, fondamentale, ne change rien à la situation. Chacun, dans cet affrontement, connaît les règles et, à l'avance, les réactions de l'autre. La séquence attentat/riposte est réamorcée ; le cycle du sang prend le pas sur la "feuille de route", une fois de plus.
Et c'est vrai. Le cycle attentats-represailles, lancinement appele "cycle de la violence" par les medias francais et autres, resume toute la face emergée de l'iceberg du conflit israelo-arabe. Les arabes attaquent tout azimut a coups de crimes contre l'humanité, et nous les israeliens repondons en visant les criminels, sans trop de consideration pour les degats alentours parmi la population. Ca rejoint la philosophie de mon ami S., "ils nous frappent, on les frappe, et ils nous frappe, et on les frappe, et rien ne peut arreter ca". C'est un changement en profondeur des mentalités qui est necessaire, d'un coté un assainissement de l'education palestinienne qui tourne autour du culte du martyr, et d'un autre coté un appel a Israel a se depasser de sagesse et de retenue avec une philanthropie encore jamais osée a travers le monde et les ages par aucun pays et aucun homme soucieux de la securite des siens. A part par Jesus, enfin bon, bref...
Mon avis est que le defi moral demandé a Israel est bien plus difficile, presque impossible d'un point de vue simplement humain, que de simplement expliquer aux enfants palestiniens que tuer des gens au hasard c'est mal, et que se suicider pour ca c'est encore pire.
Quoi qu'il en soit, le Monde a enfin fait un editorial a peu pres bon. Qu'il continue et alors je commencerai a lire ce journal intellectuel avec autre chose qu'un melange de colere et de mepris.
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