Nausée televisuelle
J'ai pas la télé depuis mon demenagement, soit presque deux mois. J'ai pas internet rapide non plus, seulement une vague connection modem avec le boulot. Tout ca parce que je n'arrive pas a me mettre d'accord avec la compagnie israelienne de satellite YES, qui propose un paquet Satellite+ADSL. Whatever. Le probleme c'est qu'il faut que je m'engage pour un an, et je sais pas faire ca, moi. J'ai envie de ne m'engager que pour six mois, le temps du prix preferentiel. Chacun veut entuber l'autre, et en atendant boq il reste coupé du monde.
Bref, tout ca pour dire qu'hier j'ai regarde la télé pendant un apéro chez mon copain S.. Il y avait un reportage sur la premiere chaine, par un chercheur de l'Université de Tel-Aviv qui fait une enquete sur le phenomene kamikaze chez les Palestiniens. Il a du courage le mec. Il a la "chance" d'avoir une tete d'arabe, et de parler arabe, ce qui lui a ouvert des portes. Je croyais que c'etait un arabe israelien mais en fait non c'est un Juif d'origine irakienne.
Des reconstitutions d'infiltrations de terroristes en Israel, des interviews d'agents du Shabak qui en ont interceptés, des sequences tournées dans une salle de classe palestinienne. La salle de classe etait tres propre, tres colorée, l'instutrice s'occupait calmement des enfants, les enfants avaient leurs grands yeux ouverts vers les revelations de ce monde. Vu d'exterieur une classe tout a fait normale et mignone.
De mon point de vue c'etait bizarre. Je ne lis pas l'hebreu tres vite, et souvent je suis trop feneant pour lire les sous-titres. Alors je me laissais aller a regarder les images et a ecouter l'intonation des voix arabes, a observer les regards. Les gens sont attendrissants, parfois beaux, leurs yeux brillent. Jusqu'a ce que S. me facilite la traduction, et la c'est un nouveau monde de cauchemar qui s'ouvre et une nausée qui monte.
Ils parlent tous de tuer des juifs ou qu'ils soient. Ils parlent d'explosions, de rivieres de sang. Les enfants palestiniens aux voix de cherubins chantent des chansons a la gloire des Shahids, racontent leurs reves: soit des israeliens les tuent, soit ils tuent des israeliens. Cette fillette qui confie qu'elle aimerait exploser dans un bus pour que ses parents soient fiers d'elle.
Le plus cocasse c'est cette interview d'un type du Jihad Islamiste arreté a Tul-Karm avec sa ceinture d'explosifs sur lui alors qu'il etait en route pour un attentat a Netanya. Il parle devant la camera de l'ideologie qui entoure son acte, la logistique de l'infiltration, les details de l'arrestation. Les policiers ont fait exploser sa ceinture a quelques centaines de metres de la. J'ai reussi a lire partiellement les sous-titres. Le prisonnier racontait, les larmes aux yeux, son sentiment quand il a vu l'importance de l'explosion. Quelquechose de gigantesque, d'assourdissant. Il confiait qu'il n'imaginait pas a quel point l'explosion etait violente. Il pleurait. Il realisait qu'il aurait pu tuer 15 personnes, et en blesser au moins 200. Moi je me disais, "tu m'etonnes comment il doit regretter". Le journaliste lui demande si il regrette, mais le prisonnier repond alors qu'il ne regrette pas ce qu'il doit faire pour Allah. S. m'explique que j'ai pas bien compris le contenu du discours du mec. Il regrettait en fait de s'etre fait attrapper. C'est avec desespoir qu'il constatait que, malheureusement, il n'avait pas reussi a tuer 15 personnes et a en blesser 200 autres. Il etait tellement triste...
Ceci est un reportage televisé, une simple fenetre par definition subjective. Non pas partisan mais concentré sur un seul sujet: les auteurs d'attentats-suicide, et la mythologie qui entoure ces actes dans la societé palestinienne et l'education des enfants. Le but n'etait pas d'interviewer des gens sains d'esprit.
Il n'en reste pas moins qu'on a envie de vomir a la fin du reportage, qui pourtant ne contient pas une seule goutte de sang. Juste des mots, des commentaires, des interviews des gens concernes: des palestiniens authentiques, des enfants innocents dont le cerveau est lobotomisé depuis les bancs de l'ecole, dans les mosquees et dans les discours enflammés du Rais Arafat. On n'arrive pas a se defaire de cette conviction que le peuple palestinien est un peuple de damnés, qui selon les mots de l'ecrivain Amos Oz "recherchent le massacre", peu importe que les victimes soient israeliennes ou palestiniennes, qu'ils se dirigent vers un desastre, et qu'ils sont decidés a nous emporter avec eux. La mort est omnipresente.
S., lui, israelien de naissance, qui a basculé tres a droite le jour ou il s'est retrouve par hasard a ramasser les corps en lambeaux lors du double-attentat de Beit Lid en 1996, se contente de dire dans un francais roucoulant herité de sa mere: "ils sont trop betes ces Arabes".
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