24 heures ne se sont pas encore écoulées depuis la defaite d'hier, que je sens déjà monter les effets post-traumatiques.
Je me mets à aimer Londres, l'Angleterre, le Royaume Uni, les Anglais et la reine.
Pas aux dépens de ma France. On ne peut pas ne pas aimer sa famille. Ca ne se choisit pas.
Mais j'aime mon bourreau, tout impregné que je suis du syndrome de Stockholm.
Choisir une ville pour les Jeux, c'est un peu comme choisir un nom pour un enfant. On cherche, on cherche, on se demande si ce nom la lui ira bien, si il le portera bien, s'il ne sera pas trop lourd, ou ridicule. Si on ne pourra pas trop jouer avec ce nom dans la cour de récré et faire des jeux de mots insultants. Si il sera porteur d'une "bonne énergie". Si on sera en harmonie avec ce choix. Et surtout, si on saura quoi répondre à cet enfant quand il nous demandera pourquoi on lui a choisi ce nom.
Et puis un beau jour il faut choisir. Une fois le choix fait, on découvre à quel point ce n'aurait pas pu être un autre nom que celui-la. A quel point le nom s'est fusionné dans l'être qu'il designe.
2012 n'aurait pas pu porter un autre nom que London. Londres la jeune, la dynamique, la cosmopolite, la positive, la courageuse, la belle, la gagnante.
Paris a la mine si grise-cendres à coté.
Mais il y a quelquechose de hautement philosophique et spirituel dans cette experience ultime de la défaite, de la déprime, de la tristesse, de l'amertume. Cet appel au laisser-aller a quelquechose de reposant. Cet affichage en multiplex international de la merde française a quelquechose de grandiose. Une revolution se prepare en France. La revolution du rebond, quand on ne peut pas tomber plus bas dans le pathétique.
Il faudra bien ecouter Chirac le 14 juillet. Il aura énormément de choses à dire, après une semaine pour digérer sa douche froide après le mitraillage d'humiliations sur tous les fronts. Il sera au bout du rouleau, mais vous verrez qu'il vivra beaucoup mieux, ou plus pleinement, la défaite cathartique que l'arrogance de la victoire. Il sera le mort-vivant flottant bien au dessus du monde, un fantôme aux pouvoirs surnaturels.
On fait les plus belles merveilles quand on n'a plus rien à perdre.
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