40000 voitures qui se rangent sur le bas-côté de toutes les autoroutes. Chaque véhicule étant surchargé de rubans oranges accrochés aux rétroviseurs, aux antennes, aux roues, au volant, aux poignees, etc. 40000 voitures, ca fait 100000 personnes dans tout le pays. Ca voudrait dire 1 million en France. C'est beaucoup.
But de l'opération: inviter les gens à s'arreter et à "réflechir" au bien-fondé du retrait de Gaza et des premiers villages du Nord de la Samarie.
J'y étais pas. J'étais devant ma station de travail à Herzliya Pituach, avec mes collègues gauchistes hailletèques, en train d'écrire le fichier XML censé générer mon code C++ de communication inter-processus via soquettes UNIX et mémoire partagée. C'est un peu comme militer pour le Gush Katif, ou bien comme jouer au paint-ball, mais en fait pas du tout.
J'arrive pas a les capter, ces mecs qui s'opposent au retrait de Gaza.
Il faut savoir que 97% des manifestants ne sont pas des habitants du Gush Katif. Ils sont juste solidaires. Un simple calcul suffit à le prouver: 7000 israéliens au total dans la bande de Gaza, probabilité de bien moins de 50% pour qu'ils soient à la manif tous ages compris, soit moins de 3000 pour sûr, donc moins de 3% des manifestants
Et puis les gens du Gush Katif sont trop occupés a regarder les plans de leur nouvelle maison a Nizzanim, entre Gaza et Ashkelon, et à parlementer avec leur banquier pour choisir le bon investissement des trois-cent mille dollars americains reçus gracieusement de l'Etat d'Israël.
Les manifestants, eux, sont pour la plupart présents pour des raisons idéologiques. Ah non j'exagère, il y a beaucoup d'habitants de Judée et de Samarie dans les rangs oranges, donc ceux-là participent par simple intérêt, parce qu'ils craignent qu'après le Gush Katif ce soit leur tour.
Donc non, j'arrive pas à les comprendre: ni ceux qui préfèrent la galère de Gaza aux 300.000$, ni ceux qui croient que c'est bientôt leur tour en Judée-Samarie, ni ceux qui veulent juste faire chier leur monde.
Je le répète: ce retrait de Gaza, c'est l'affaire du siècle. Un territoire minuscule, pour 1,5 millions de Palestiniens en moins a gérer par l'administration d'occupation, et aussi la fin du mélange obcène sur un même territoire rectangulaire de deux citoyennetés, israélienne et palestinienne, aux droits différents. Ca nous ramène à une proportion de moins de 3 millions d'Arabes et plus de 5 millions de Juifs, au lieu de presque moitié-moitié. C'en devient presque gérable. Presque au point de rendre moins obcène le meme mélange bi-national qui a lieu en Judée-Samarie.
Mais en fait pourquoi j'écris tout ca, moi ?
Parce que ma Lumière à moi, elle était sur l'autoroute pendant les manifs. Et en voyant les Oranges, elle s'est mise a pleurer.
D'admiration.
Pour ces gens qui "continuent encore à notre époque à se battre pour leurs idées". A faire fi du rationnel pour s'accrocher aux symboles. A "s'enthousiasmer" de manière aussi positive pour une cause: le droit des Juifs à vivre là où ils veulent. Et contre le droit des Arabes a récupérer gratuitement une terre depuis laquelle leurs terroristes attaquent Israel.
A partir de là, plusieurs déductions:
- J'aime encore plus ma femme.
- La grossesse a des effets inattendus sur le psychisme.
- Les Oranges ont réussi leur manif, puisqu'ils ont réussi a faire pleurer la plus belle femme d'Israël.
- "Ils ne renonceront pas facilement", comme elle dit. Ce qui est très bien: qu'ils rennoncent difficilement, mais qu'ils renoncent. Ca fera avancer l'Histoire, tout en durcissant la carapace des villages de Judée-Samarie (auxquels je suis plus attaché), que l'on osera plus évacuer pour éviter de reproduire le bordel de Gaza.
C'est un peu comme ce que j'ai fait quand j'ai acheté notre nouveau four-gazinière aux enchères sur internet. 2000 shekels au lieu de 3000. Faire monter le prix, tout en restant bien en dessous du prix que ca aurait couté par la voie normale du marché. Ah et aussi, ma technique à moi pour gagner les enchères: être le premier à franchir la barrière psychologique.
Je m'explique: la plupart des gens n'ont pas le temps de rester devant leur brozeur pendant des heures pour monter les enchères. Alors ils activent un agent automatique, en lui disant de ne pas dépasser un certain prix. Et ce certain prix est souvent un chiffre rond. Comme 2000 au lieu de 3000 par exemple. Résultat, l'algorithme des agents automatiques réunis crée une asymptote avec 2000 pour limite jamais atteinte. Donc il suffit juste de monter les enchères de 1997 a 2000 shekels d'un seul coup, et le tour est joué. Apres la frénésie des minutes précédentes, il n'y a soudain plus aucun mouvenent d'enchère pendant les 11h48 qui nous séparent de la fin. Et bingo pour "Michaël, de Kfar Saba".
Oui, oui. Je suis très inteligent.
Pareil pour les colons de Gaza: manifester, protester, bloquer, faire monter les enchères.
Et puis, un accident.
Barrière psychologique franchie.
"Un Juif n'expulse pas un autre Juif", certes, mais maintenant un Juif a tué un autre Juif.
Alors on arrête tout.
Feu vert populaire à... à quoi en fait ?
En fait tout dépend de qui sera la première victime: si c'est un soldat affecté au retrait, c'est feu vert au retrait. Sinon, si c'est un civil israélien du Gush Katif par exemple qui se fait tuer par une balle perdue de Tsahal, alors ça pourrait signer la fin du retrait.
La question est de savoir qui sera prêt à payer le prix pour avoir le contraire de ce qu'il veut.
Ou bien qui sera prêt à simuler de la sorte...
Bref, une projection absurde, pour un debat absurde.
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